mercredi 16 janvier 2013

Les bêtes du sud sauvage ( 2012 )



Petite fille aux airs de garçon manqué, Hushpuppy vit avec son père dans l'univers dense et humide du bayou. Orpheline d'une mère qu'elle cherche à s'imaginer, la fillette apprend à vivre aux dépends d'un paternel distant. Ce petit territoire, isolé de la grande ville, vit cependant aux rythmes jazzy, dans la joie, l'alcool joyeux et le partage. Une légende vient bercer les oreilles des enfants du marais : on raconte que des aurochs, monstres féroces, tueurs d'hommes redoutables, sont retenus dans le froid de l' ancienne ère glaciaire. Soudainement, le monde se met à trembler , la fonte des glaces provoque une montée d'eau soudaine menaçant directement l'univers d'Hushpuppy. Face à une catastrophe sans précédents, la résistance s'organise et l'enfant est directement confronté à une cohabitation forcée avec son père. C'est le moment de reserrer les liens, d'autant plus que les aurochs, libérés par la fonte des glaces, s'approchent à grands pas...

Connaissez-vous l'adage '' il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis '' ? Je n'ai jamais été autant concerné par cette citation. Il y a 5 ans, quand je ne connaissais quasiment rien au cinéma et que je ne recherchais que le plaisir de l'action, de l'humour débile et de la violence , j'aurais qualifié ce film de " raté ", " inintéressant '',  '' long et ennuyeux '', mon dieu que les temps changent ! Je serais totalement passé à côté de mon petit coup de coeur cinéma de ce début d'année.

Encore une fois on a encore le droit ici à une première réalisation. Benh Zeitlin, ancien réalisateur de courts-métrages, réussit à l'image d'un Blomkamp avec District 9, un véritable coup de génie. Autant dire que les nombreuses nominations aux Oscars sont amplement méritées. Pour son entrée dans le monde du long métrage, le réalisateur nous livre une vision touchante du monde brumeux de la Louisiane, un conte aux multiples facettes et discours. Le film fait partager plusieurs valeurs terriblement essentielles , nous fait ressentir des émotions simples : les liens familiaux, la solidarité, le courage mais également la peur, la mort, l'absence. La réalisation se pose comme un conte initiatique et raconte la vie d'une petite fille faisant front face aux horreurs et bonheurs que la vie peut offrir.

La première grande force de l'histoire est sa narration, celle-ci apporte au film un aspect féérique mais également dramatique. L'utilisation des aurochs amène cette notion de conte tragique. Les animaux, par leur aspect fabuleux, renforcent l'idée d'une histoire magique. Ils apportent néanmoins une touche dramatique par leur brutalité et leur finalité macabre. Ces créatures sont une extraordinaire métaphore de la mort qui se rapproche, qui détruit tout sur son passage, qui n'épargne personne et qui vient frapper dans le bayou. L'histoire se laisse savourer, à hauteur d'homme, entre moments d'innocence et instants froids. Dès le départ, le spectateur se laisse happer  par l'univers onirique si particulier de la Louisiane.

Hauteur d'homme ... C'est bien le mot, tant les personnages paraissent sincères, terriblement proches de nous. Ce ressenti est facilement explicable. Les acteurs sont quasiment tous des amateurs. Le père de Hushpuppy n'est en fait que le boulanger qui se trouvait juste à côté des studios de production. Il livre ici une prestation poignante, celle d'un homme froid, seule face à la maladie qui trouve au travers de sa fille, une sorte de rédemption. L'innocence à Hollywood n'a pas que du mauvais, loin de là. Quand à la prestation de la fillette, Quvenzhané Wallis, les mots pourraient me manquer. Son jeu mélange simultanément la dureté de la vie dans le bayou à la candeur et l'innocence de l'enfance, en un mot : MAGIQUE . Bien que la nomination d'une enfant de 8 ans pour l'oscar de la meilleure actrice a de quoi faire sourire, celle-ci est amplement méritée. Il convient également de rappeler que la fillette a été choisie parmi 4000 prétendantes pour le rôle.  Cela sera amusant lors de la cérémonie de remarquer ,pour la première fois, la présence de la plus jeune et de la plus vieille actrice ( Emmanuelle Riva pour Amour ) jamais nominées pour le précieux sésame.

J'avais également rappelé que je n'étais pas un expert en '' technique '' de cinéma. Le jeu des caméras, les plans sont et restent toujours pour moi un mystère. Néanmoins je commence modestement à avoir une certaine idée de la façon de filmer. Les bêtes du sud sauvage m'a clairement envouté par certains plans faisant ressortir l'aspect tragique ou onirique des instants partagés par le réalisateur. Celui de la fête dans le bayou, ponctué de plusieurs feux d'artifices est onirique à souhait.

Saupoudré d'une bande originale d'exception, ce conte vous emmènera plus loin que vous pouvez l'imaginer. Véritable petit ovni, les bêtes du sud sauvage doit impérativement se laisser découvrir et savourer. Mettez vos plus belles bottes, prenez votre banjo et vos mouchoirs : ca se passe comme ca dans le bayou !

C'est pour qui ?

Pour ceux qui vivent dans le bayou
Pour les fans d'Abigail Breslin
Pour les amateurs de belles histoires
Pour ceux qui ne connaissent pas ce qu'est un auroch
et c'est certainement pas pour les personnes qui ont cessé de rêver


Galerie photos : 







Extraits du film : 









Un extrait de la B.O du film :






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