vendredi 11 janvier 2013

Anonymous ( 2012 )




Tout le monde connait William Shakespeare et son œuvre. De Richard III à Othello en passant par Roméo et Juliette, l'homme de lettres anglais berce encore le monde de ses écrits tragiques et romantiques. Mais si on vous annonçait que Shakespeare était un imposteur et que tous ses écrits ont été le fruit d'une autre main. Le croiriez-vous ? Au cœur de la grande Angleterre d'Elisabeth Ière, Edward De Vere, Comte d'Oxford rédige de sa main les futurs grands classiques de la littérature britannique. Cependant, sa condition sociale ne lui permet pas de publier sous son propre nom et ce dernier signe ses textes : '' Anonymous ''. Cependant, le comte doit faire face à un opportuniste s'appropriant la paternité de ses pièces au succès grandissant : William Shakespeare.

Et si l'on vous disait que Roland Emmerich a écrit et réalisé un bon film ? Oui ... LE Roland Emmerich de 2012, d'Independance Day, roi du film catastrophe hollywoodien , le croiriez-vous ? Le fait de voir le cinéaste allemand s'attacher à la réalisation d'un film historique portant sur l'un des personnages emblématiques de notre histoire avait de quoi m'intriguer. C'est assez circonspect que je suis sorti de la salle, ravi de voir qu'un réalisateur peut se détacher d'une image lui collant à la peau avec un certain brio. Car Anonymous est un bon film, un très bon film qui mérite d'être découvert et ce pour plusieurs raisons.

Le sujet évoqué avait de quoi surprendre mais se base sur l'une des nombreuses théories qui remettent en cause la paternité des célèbres tragédies à leur illustre auteur.  Cette idée est d'ailleurs soutenue par de nombreux universitaires britanniques, experts de l’œuvre Shakespearienne.  Le pitch de départ semblait original et apportait un je ne sais quoi d'attrayant à un film qui avait de quoi être bancal. Le tour de force d'Emmerich a été de rendre une théorie , une supposition crédible. La narration, historicisée et faisant la part belle au contexte de l'époque apporte un certain crédit à une histoire littéralement portée par une troupe d'acteurs convaincante. Il convient notamment de dire un mot sur l'histoire du film.

Très historique, la mise en scène met en avant les intrigues, les troubles de la cour élisabéthaine et la terrible machination dans laquelle se retrouve piégé le comte d'Oxford. Il faut être attentif et se donner la peine de comprendre cette histoire noueuse. Mais une fois l'effort fait, le film se laisse pleinement apprécié. Encore une fois, on se laisse happé par cette narration à laquelle nous ne sommes pas habitués de la part d'Emmerich, ce qui renforce encore une fois la crédibilité du propos. La réalisation est soutenue par de nombreux flashbacks qui disséminent les bribes d'une histoire et passion passés.

Bien que le film ait été tourné intégralement en Allemagne, le casting est entièrement britannique. Afin de respecter une certaine cohérence avec le sujet traité, le réalisateur s'est entouré d'acteurs confirmés. Anonymous est notamment porté par la prestation convaincante du gallois Rhys Ifans, récemment au casting du dernier Spiderman mais également en tête d'affiche de Good Morning England. D'ailleurs si il vous semble reconnaitre une légère ressemblance entre la jeune et la vieille Élisabeth, cela s'explique par le lien de maternité qui  relie Vanessa Redgrave  et Joely Richardson toute en grâce et sensualité.

Quelques très bonnes idées viennent saupoudrer la réalisation. La scène d'ouverture en est une, elle introduit le propos comme une pièce de théâtre et l'on se retrouve tel un public auquel on joue la comédie. La mise en scène , porté par un graphisme très sombre, gris,  en rebutera certainement plus d'un. Cependant, cet esthétisme parvient à créer une atmosphère lourde et pesante en accord et cohérence avec les situations décrites, ce qui a renforcé l'immersion du spectateur que j'étais.

Le seul petit bémol est la prestation et la mise à l'écran d'un Shakespeare légèrement rendu abruti et opportuniste par le cinéaste allemand. Bien que la rivalité a lieu d'être entre les deux personnages, celle ci est rendue peu crédible ce qui est fort dommageable étant donné la place prépondérante qu'occupe le célèbre auteur anglais dans cette histoire.

Anonymous est cependant une excellente surprise. On en ressort avec la satisfaction d'avoir appris une autre version de l'histoire, une autre façon de voir les choses et évidemment on est encore plus agréablement surpris que ce soit Emmerich qui nous la raconte. Alors oui, le réalisateur allemand a une filmographie inégale , mais cette histoire est la sienne. En stagnation depuis plus de 8 ans, l'idée a enfin germé et amorce une petite rédemption dans la carrière du germanique qui, on l'espère, ne nous a pas joué la comédie.


C'est pour qui ? 

Pour ceux qui préfèrent Marc Lévy à Shakespeare
Pour tous les fans des acteurs britanniques
Pour ceux qui veulent avoir la preuve que Roland Emmerich sait réaliser de vrais bons films
Pour ceux qui jouent encore au jeu de paume
et c'est certainement pas pour les fans de 2012

Galerie photos : 






Extraits du film :








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