On est loin du cliché des années 80 ou tout prétexte grossier était bon pour se foutre des coups de tatanes à la figure. Là où on peut reconnaitre une évolution dans le cinéma d'action de ces dernières années tient à un changement évolutif dans la narration. Pour le peu que je me souvienne, les films de Bruce Lee ou de combat de mon enfance étaient assez caricaturaux et laissaient prédominer l'action au détriment de l'histoire. Certes, dans certains films d'action on ne s'attend pas à une narration grandiose et on se sent tout heureux de regarder et prendre son pied devant un petit '' plaisir coupable '' tels qu'Expandables par exemple. Et puis, on s'est progressivement servi d'une histoire riche ( comme l'est celle de la Chine ) pour servir la narration et offrir une petite fresque historique sous-tendue à un film d'action.
C'est le premier point fort du film. En effet, le contexte historique est ici clairement mis en valeur et se mêle parfaitement à l'action. Si l'on se bat ce n'est pas pour se faire plaisir, mais pour défendre son village et l'honneur d'un pays bafoué, envahi. Bien évidemment, le fait qu'on raconte l'histoire d'un maître ayant existé renforce la crédibilité du film. La réalisation évite les écueils et ne met pas que le héros principal en avant. Ici, tout le peuple chinois et son courages sont éclairés; Ip Man accompagne et amplifie ce mouvement sans pour autant en être LE héros. En ce sens, à travers le combat d'Ip man, c'est celui de la nation chinoise qui est mis en avant et non pas celui d'un homme dans son unicité. Certes le film n'évite pas certains '' gros traits '' : entre le second du méchant complètement psychopathe, le traitre et sa rédemption, la femme aimante et fidèle, le meilleur ami qui souffre ... Cependant, ces images n'alourdissent pas le film qui gagne sa crédibilité par un contexte historique bien mené et passionnant.
L'autre point fort est la performance d'acteur de Donnie Yen que je ne connaissais pas avant Ip man. Son jeu, tout en sobriété et retenu donne de l'épaisseur à un personnage qui souffre en silence et qui ne s'exprime que par le combat. Le reste du casting s'en sort également très bien même si certains jeux, notamment ceux des '' bad guys '' du film, sont assez caricaturaux.
Enfin les scènes d'action sont joliment mises en valeur par une mise en scène assez efficace. Fini la réalisation à la Stallone avec des combats qu'on ne voit quasiment pas. Ici les mouvements sont amples, on prend le temps de filmer, ce qui donne des combats particulièrement réussis. Le premier avec l'enfant qui en quelque sorte ouvre le combat fait sourire et donne un petit côté théâtral à la chose ( à voir dans les extraits vidéos).
Pour conclure, à la manière d'un '' Fighter in the wind '' ( autre très bon film d'action ) , Ip Man est tout d'abord l'histoire d'un pays qui souffre et qui exprime sa révolte par les points du maitre de Bruce Lee. Au delà d'un simple film de combat, on assiste à une réelle '' petite '' fresque historique où l'action sert complètement l'histoire. Je ne peux que le recommander afin de changer un regard souvent caricatural que l'on peut porter sur un cinéma souvent décrié.
C'est pour qui ?
Pour les amateurs de coups de tatanne
Pour ceux qui aiment les méchants avec des vrais têtes... de méchants
Pour ceux qui veulent découvrir une nouvelle star du cinéma d'action
Pour ceux qui aiment les films historiques sévèrement testostéronés
et c'est certainement pas pour les fans de John Cena
et c'est certainement pas pour les fans de John Cena
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Florian, sache que Ip man a eu droit à une suite et à une préquelle ( mais sans Donnie Yen) et je les ai tous en blu-ray. Si tu as aimé, je te conseille vivement Il était une fois en chine (saga de 7 films avec Jet Li et Chiu-man cheuk) également en ma possession, et le remake de La fureur de vaincre de Bruce Lee avec Jet Li, Fist of legend, en moins manichéen. Et si tu aime Donnie Yen, j'ai une bonne vingtaine de films avec lui (des récents, mais aussi des vieux), dont des chef-d'oeuvres comme SPL, Iron Monkey ou Flashpoint (dans le domaine des arts-martiaux), Bodyguards and assassins, The Lost Bladesman, ou 14 Blades (en fresque historique). D'ailleurs, dans La secte du lotus blanc (il était une fois en chine 2), Donnie Yen joue le méchant face à Jet Li, et leur duel au bâton vaut le coup d'oeil !! Bon, allez, j'arrête là ou je vais t'écrire un roman sur les films d'arts martiaux chinois et hong-kongais ! On en reparle de vive voix bientôt, j'espère !
RépondreSupprimerDenis Le Hegarat
Merci Denis, je tâcherais de m'en souvenir et j'espère pouvoir rapidement échanger avec toi :)
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