mercredi 6 février 2013

A vous la parole : Django Unchained (2013)de Quentin Tarantino par Philippe Guillermo



Synopsis

Dans le sud des Etats-Unis, le dentiste allemand King Schultz (Christoph Waltz) est un chasseur de primes qui s’achète Django(James Foxx) pour l’aider à traquer les frères Brittle, trois meurtriers. En échange, Schultz promet la liberté à son esclave. Parrallèlement Django a un but : retrouver Broomhilda von Shaft (Kerry Washington) qui n’est autre que sa femme esclave achetée par le puissant et monstrueux Calvin J. Candie (Leonardo Di Caprio)

Depuis Inglorious Basterds, Tarantino entend revisiter à sa façon l’Histoire avec ce western. De manière fantaisiste, il entend donner aux dominés et opprimés le moyen de se venger. Dans sa précédente œuvre, les juifs se vengent des nazis, ici avec Django unchained les esclaves se déchaînent contre leurs maîtres blancs.

Tarantino a l’art de différer la violence, de se retenir en permanence. Il tient ce concept de l’un de ses films de chevet  Rio Bravo  (H.Hawks) où des scènes très longues d’une extrême tension permettent d’ajourner la pulsion de violence des héros. Durant les deux premières heures de Django, la violence fait toujours irruption après de longs dialogues.



Malgré ses critiques envers John Ford ; Tarantino qu’il le veuille ou non est bel et bien un réalisateur classique. Sa mise en scène est très fluide, simple même si elle peut parfois être virtuose (ou bien un peu tape à l’œil). Tarantino se fait plaisir en filmant des pures scènes de western et revisiter ce genre oublié. Il convoque ici les grands maîtres du genre comme Anthony Mann (pour la façon de filmer les paysages), Peckinpah (pour l’utilisation de ses ralentis et l’utilisation de la violence), Hawks (pour l’attente de l’action), Léone et Corbucci (pour sa mise en scène, l’utilisation du silence) afin de s’inscrire dans l’Histoire du western en rassemblant ces références extrêmes.

Tarantino sait toucher tous les publics. Il parvient à satisfaire tout le monde avec ses références et ses dialogues jubilatoires taillés sur mesure pour ses comédiens fétiches (Exceptionnels Samuel L. Jackson et Christoph Waltz). Il a l’art du divertissement avec des scènes qui peuvent se lire à différents degrés de lecture : exemple la scène entre les différents membres du KKK qui vient prendre le contre-pied du film de Griffith (‘Naissance d’une nation’), moment totalement jouissif qui critique la bêtise des racistes de cette époque.

Le personnage de Django est le seul à évoluer. Il passe du statut d’esclave à homme libre, ce qui l’oblige à changer son attitude. Il apprendra à tirer avec un fusil, à contenir ses désirs de pulsions et de vengeance en apprenant au contact de Shultz l’art de négocier et de contourner les choses tout en parvenant à ses fins. Django se cherche perpétuellement pour trouver sa nouvelle identité comme le montre ses différentes tenues tout au long du film.

Seul bémol à ce grand la troisième partie (même si elle est nécessaire) est un peu trop longue. La disparition de la monteuse (Sally Menke, décédée en 2010) de ses sept précédents films se fait cruellement sentir. Tarantino aurait gagné à ramasser un peu plus son récit, pressé sans doute par ses producteurs (les frères Weinstein) pour voir ‘Django Unchained’ être en lice dans la course pour les Oscars (cinq nominations), Tarantino n’a pas eu le temps nécessaire pour effectuer sans doute un nouveau montage.



Django Enchained est un grand western classique. On y ressent plus que jamais le plaisir de filmer de Tarantino. L’auteur a gagné en maturité dans sa mise en scène et prouve à ses détracteurs qu’il est bien capable de tenir de bout en bout un personnage capable d’évoluer psychologiquement. Comme tout grand film Django Unchained donne foi dans le cinéma


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